Elle se réveilla dans un lit d’hôpital un jeudi de mars à 14h45. Sa tête lui donnait l’impression d’être sur le point d’exploser à tout moment, tambourinant sans relâche dans sa boite crânienne le plus douloureusement possible. En essayant de se relever – tout en bravant une nausée carabinée – elle arracha quelques fils plantés dans son bras et une silhouette vint lui reclouer les épaules au matelas ; parlant d’un ton doux et ferme à la fois « tutuh, on ne bouge pas. reposez-vous. » Une pluie de questions défila dans sa tête mais trop faible et la vision trouble, Ae Cha n’insista pas et sombra une nouvelle fois dans le sommeil, oubliant ce qu’il venait de se passer.


« Ae Cha … chérie… » une main vint caresser sa joue et elle fronça les sourcils, grommelant entre ses dents. Pourquoi fallait-on qu’on vienne la déranger dans son sommeil ? Il n’était pourtant pas l’heure d’aller à l’école, si ? Quelle heure était-il ? Quel jour étions nous ? Et puis, cela faisait quelques années maintenant qu’elle avait terminé l’école. Comment pouvait-elle oublier ce genre de renseignements ? Quelque chose ne tournait pas rond et elle avait l’impression d’ouvrir les yeux pour la première fois depuis pas mal de temps, pas mal de jours. « où je suis ? » sa voix cassée et enrouée lui donnait l’impression d’appartenir à quelqu’un d’autre, quelqu’un qu’elle ne connaissait pas. La jeune femme riva son regard vers sa mère, ses yeux étaient remplis de soulagement mélangé à une pointe de compassion. « tu es à l’hôpital, chérie, depuis quelques … semaines. tu … tu as eu un accident et. tu es saine et sauve maintenant. » Visiblement, elle n’avait pas envie de s’étaler plus sur le sujet et un sanglot venait de traverser sa voix, un sanglot qu’elle avait retenu de justesse. Ae avait beau déployer tous les efforts du monde, elle n’arrivait pas à se souvenir des circonstances de l’accident et sa mère évitait le sujet parce que, selon elle, il fallait que sa fille se repose encore quelques temps avant de penser à tout ça. Ce n’est que quelques jours plus tard qu’elle se décida à lui conter les faits ; « le soir, après que tu sois repartie de la maison pour retourner à ton appartement … un chauffard ivre a heurté ta voiture à un carrefour, coté réservoir. Un meca t’a sauvé avant que la voiture ne prenne feu … » avant que tu ne restes bloquée dans l’habitacle et brulée vive jusqu’à être réduite en cendre sur le tarmac de la grande route. Tout semblait bien plus clair, maintenant. Ce fût un choc, évidemment. Elle qui avait toujours évité de fréquenter les méca, elle qui avait toujours trouvé leur utilité peu crédible, elle qui s’était contenté d’ignorer les avancées technologiques … elle avait été sauvée par l’une de ces créations. On lui raconta plus tard que les robots étaient obligés de suivre trois lois, et celle de secourir un humain dans le danger en faisait partie. Il y avait de quoi se remettre en question, n'est-ce pas ? Serait-elle morte, sans eux ? Sa vie se serait-elle finalement arrêtée à l’âge de 23 ans, un jour de mars ?

Ae cha pu sortir de l’hôpital une semaine après son réveil et les choses reprirent leur court normalement. Son métier de coiffeuse lui occupa assez l’esprit pour lui changer les idées, et sa vision des méca changea radicalement. Elle essaya plusieurs fois de retrouver le robot qui lui avait sauvé la vie mais elle s’était toujours sentie stupide avant de faire le pas. Ce n’était qu’une règle, était-il capable de comprendre des remerciements ? Etait-il capable de sentir toutes les choses qu’Ae désirerait de lui faire comprendre désespérément ? Certains robots étaient dotés de conscience, apparemment, était-ce le cas pour celui-là précisément ? Toutes ces questions n’avaient de cesse de la freiner dans sa démarche et même un an après, elle se les posait encore.

Et la voilà, aujourd’hui, la peau encore marquée par ce tragique accident et la tête pleine d’émotions. Il lui arrivait parfois de repenser à ce méca, son sauveur. Lorsqu’elle avait demandé la description de ce dernier à l’accueil de l’hopital on lui avait simplement donné un nom de famille, et un numéro de série. Ce robot appartenait visiblement à quelqu’un et c’était un robot féminin. Depuis, elle s’était arrangée pour obtenir une adresse et un nom entier mais une fois encore les maudites questions lui avaient embrumés l’esprit et avaient mis fin à toutes ses recherches désespérées.

Bien que sa vie fût lourdement touchée par la présence des robots, jamais la jeune femme n’a ressenti le besoin de se doter d’un meca. Après avoir été sauvée d’un accident de voiture par l’un d'eux, sa vision des choses a totalement changé. Au départ, Ae n’arrivait pas à comprendre le désir des gens d’obtenir un meca. A ses yeux, cela soulevait bien trop de questions relatives à l’éthique, ils ressemblaient tellement aux humains que ça la mettait mal à l’aise d’imaginer un seul instant donner un ordre à un robot ou s’en servir comme servant. Dans la rue, elle n’était même pas capable de les différencier et elle avait pris pour habitude de s’adresser à eux de la même manière qu’aux autres humains ; poliment. Il arrivait souvent qu’on la regarde de travers ou qu’elle fasse doucement rire les gens autour d’elle ; comment pouvait-elle donner autant de respect à un tas de fils ambulant ? Le fait est qu’elle s’en souciait peu, pourquoi leur avait-on donné une apparence si ressemblante à celles des humains si c’était pour les traiter comme des êtres inférieurs, des moins que rien ?

Cela dit, la mode occasionnée par les meca ne l’intéresse pas vraiment. Elle se plie bien au fait de devoir les côtoyer dès qu’elle sort de chez elle, elle essaye de tolérer au maximum ces idées si différentes des siennes ; comme par exemple le fait de se servir d’un robot comme d’un mari, ou un sextoys. Il lui arrive souvent de rester devant sa télévision, pendue aux lèvres des invités de plateaux télé, exprimant leur haine ou leur amour pour les meca. « il est plus correct d’utiliser les robot dans le domaine de la prostitution. il faut déshumaniser le business sexuel » pendant que d’autres interviennent férocement en prétextant que certains robots dotés d’une conscience et de sentiments étaient capables de souffrir au même titre que les hommes, ce qui avait pour fâcheuse tendance de mettre de l’huile sur le feu et de faire voler en éclat ladite conversation 'posée'.

Mais quel était donc l’avis de la jeune femme, au juste ? Le bourrage de crâne intensif que lui offrait la télévision n’arrivait jamais à lui donner une opinion blanche ou noire. Les robots étaient-ils réellement dotés une conscience ? Pourquoi les respectait-elle autant alors qu’elle n’était même pas capable d’imaginer un rapport sentimental entre un meca et un humain ? Parce qu’ils ne pouvaient pas procréer ? Parce que, malgré la ressemblance, l’espèce était différente ?

Un vrai casse-tête, voilà ce que représentaient les presqu’humains à ses yeux.

ceci est un gros caprice. je voulais absolument un compte ici, et je voulais également jouer une fille et .... OTL. c'est moi.