Cela faisait deux jours que Hunter se trouvait au même endroit, sur une route encombrée de voitures vides et accidentées. La journée, il arpentait la route à la recherche de nourriture ou toute autre fourniture utile pouvant se trouver dans les voitures laissées à l’abandon. La nuit, il essayait de trouver un monospace dans lequel il pouvait se sentir un minimum en sécurité pendant au moins quelques heures. Mais depuis hier, Hunter avait remarqué de l’activité dans les alentours, rôdeurs ou humains, il était temps de quitter les lieux. Son sac au dos et sa batte à la main en cas de rencontre non désirée, il marchait vers la ville, à quelques kilomètres. Son sac contenant de quoi survivre encore quelques jours, en rationnant comme il le faisait, mais il devait se rassurer sur un point, sa sœur. Était-elle encore là ? Il empoigna le collier qui pendait à son cou et sur lequel était accroché une danseuse ainsi qu’une clé. La clé de son crime.

En deux heures, il était arrivé aux portes de la ville. Déjà il entendait les pas traînants et le râle des morts qui erraient dans les rues et les jardins. Il grimpa sur un mur pour ensuite monter sur le toit d’une maison. Ne pas toucher le sol était une technique qui avait bien souvent fait ses preuves. Silencieux, il passait inaperçu et c’était le principal. Il ne venait pas ici pour tuer du zombie. Heureusement, les maisons étaient assez près l’une de l’autre pour lui permettre de circuler de toit en toit. Comme à chaque fois qu’il revenait dans son quartier, il avait cet horrible pincement au cœur qui le prenait. Il voyait des personnes - qu’il avait l’habitude de fréquenter - déambuler les yeux exorbités, les doigts crispés, ils faisaient peine à voir, mais égoïstement, le jeune homme se disait qu’il valait mieux que ce soit eux plutôt que lui. Il arriva sur le toit de sa maison et se faufila par le velux du grenier habitable de la demeure. Il avait pris l’habitude de le laisser ouvert pour pouvoir pénétrer dans la maison sans passer par la rue. Légèrement essoufflé il descendit les escaliers, sur ses gardes. Il l’entendait. Du moins il en avait l’impression. La porte d’entrée qu’il avait rapidement rafistolée un jour de passage était toujours intacte, signe qu’aucun rôdeur n’avait pénétré les lieux. Tout avait pris la poussière, comme si la maison était déserte depuis des années. Mais elle était là, il la ressentait, il sentait sa présence, comme une ombre planant sur la maison. Il se tenait devant la porte de la cave, la clé à la main quand il entendit un bruit provenant de la cuisine, un étage au-dessus. Il se rua dans les escaliers et se faufila par la porte, sans un bruit. La cuisine se trouvait juste en face de lui, il ne voyait pourtant personne mais entendait des bruits de placards qu’on ouvre et de tiroirs qui grincent. Il jeta un rapide coup d’œil à la porte du hall. Intacte. Comment ce foutu rôdeur avait pu entrer ? Le cœur battant, et sa batte à la main, il entra dans la cuisine. Ses yeux se plissèrent. Ce n’était pas un zombie mais bel et bien un humain, bien vivant, en train de fouiller sa cuisine. Même si cela était monnaie courante, il en restait tout de même outré. Si plus aucune loi n’avait cours, il voyait toujours ça comme une violation de domicile. Mais surtout il craignait pour sa sœur, si quelqu’un la découvrait, elle serait tuée, encore une fois.

Il saisit son couteau de chasse et s’approcha à pas feutrés vers l’étranger pour finalement lui mettre la lame sous la gorge. « Et je peux savoir ce que tu fais chez moi à fouiller ma cuisine ? ». C’était ridicule, plus rien n’appartenait à personne, mais il aimait garder cette illusion en ce qui concernait ses affaires et surtout sa maison.

Le bruit de verre que l'on brise lui provoqua un spasme de panique. Il jeta un regard par dessus son épaule, regardant les alentours tout en priant intérieurement que personne n'ai pu l'entendre, mort ou vivant. Tout semblait calme, et même s'il pouvait entendre les grognements lointains des zombies dans la ville, sa tension baissa naturellement. Il glissa son bras par le carreau de la fenêtre qu'il venait de briser avec un manche de pelle abandonné et le rejeta sur le sol. Elijah tourna la poignée de la porte de la cuisine; il avait préféré passer par l'arrière de la maison pour ne pas se faire repérer sur le devant, quelle idée ingénieuse.

Une fois à l'intérieur de la maison, il ferma la porte derrière lui, sans la claquer. Depuis trois mois il avait développer un sens unique pour se transformer en ninja et passer inaperçu aux yeux des morts et des vivants. Se cacher perpétuellement et courir faisait partie de son quotidien. Autant dire qu'il avait fondu comme neige au soleil et son poids laissait maintenant à désirer. La faim se faisait de plus en plus présente et fouiller les maisons des banlieues lui était passé par la tête depuis maintenant trois jours. Aujourd'hui, il avait jeté son dévolu sur cette petite maisonnette aux briques rouges. Il était passé quelques fois devant lorsque la vie était encore normale à Seoul mais c'était bien la première fois qu'il y mettait les pieds.

Elijah se dirigea alors vers les armoires et le frigo. Il l'ouvrit, remarquant qu'il tournait toujours bien. Il trouva une bouteille de lait à l'intérieur, caillé depuis belle lurette. Il poussa un soupir sans trouver la moindre chose si ce n'est un yaourt périmé depuis moins d'un mois. Sans vraiment se poser de question, il le glissa dans son sac avant de s'attaquer aux armoires sans remarquer la présence dans son dos.Ce n'est qu'une fois la lame posée sur sa gorge qu'il se raidit en lâchant ses affaires, son coeur tambourinant douloureusement dans sa cage thoracique. « je ... je suis pas armé ! je cherche juste à manger, je savais pas que c'était occupé ! » et le pire là-dedans, c'est qu'il était honnête. Sans quoi il aurait certainement trouvé une autre maison à piller, peut-être la voisine ? Il n'osait pas bouger « me tue pas... » tiens, cela faisait trois mois qu'il n'avait vu personne et qu'il n'avait pas parlé, d'ailleurs, il avait même un peu de mal à reconnaître sa propre voix.

Elijah se tourna sans rechigner et planta son regard dans celui de son assaillant. Ils faisaient plus ou moins la même taille, sauf que lui était muni d'un très joli couteau qu'il envisagea l'espace de quelques secondes. Cela dit, il était bien plus joli à voir de loin que près, à côté de sa carotide, c'est un fait. L'inconnu lui posa une question et son petit doigt lui disait qu'il avait plutôt intérêt à répondre s'il ne voulait pas ressembler à un gruyère vivant. « non ... non, je voyage seul depuis le début de cette merde » même si Elijah arrivait maintenant à parler quasi couramment le coréen, il lui restait toujours un petit accent chic et snob de londres. Il s'humecta les lèvres, ne sachant pas quoi dire de plus. Dans ce genre de situations, plus on parle, moins on est crédible.

Le blond déglutit doucement en suivant le chemin qu'empruntait maintenant le couteau. Il ne pu s'empêcher d'analyser l'arme à feu avant de poser une nouvelle fois son regard dans celui qu'il devinait être le propriétaire des lieux. Ce dernier lui posa une nouvelle question, décidément, il était pire que columbo. Tout en se baissant pour reprendre son sac - et il n'allait pas lui avouer avoir pris son yaourt, non, c'était toujours ça de gagné ! - il répondit « non, londonien. » c'était sans doute l'anglais qui l'avait induit en erreur, mais lorsqu'on est connaisseur, l'accent américain est assez différent de l'accent chic de l’Angleterre. Il poussa un soupir, devait-il s'éclipser ou continuer à faire la conversation ? « et toi ? je veux dire ... t'es seul ? » il posa son regard sur un cadre, une photo familiale ou il pouvait clairement y reconnaître le garçon « ta famille ? morte ? » c'était certes un peu plat, mais on oublie vite les bonnes manières.

Hunter laissa un petit "ah" s'échapper de sa bouche. Londonien. Il avait bien noté que l'accent n'était pas celui qu'il connaissait mais il aurait plutôt pensé qu'il provenait d'une autre partie des États-Unis. Il répondit à sa question par un "oui " simple et bref. Un grattement de porte se fit entendre près de la cave. Il fit semblant de ne pas l'entendre, contrairement à la question qu'il venait de lui poser. « Exact. Comme tout le monde, non ? D'ailleurs je te déconseille de te rendre à l'étage. Je les ai mis là bas. L'odeur masque la nôtre. » Son ton était sec, presque cynique. A l'entendre, il se moquait bien de la mort de ses parents. Après tout, ils avaient causé celle de sa sœur. « Enfin, je suppose que tu ne comptes plus revenir ici.» Son ton était presque menaçant tout en étant ridicule au vu de la situation.

Il ne pu s'empêcher de grimacer. Ce type venait un peu de lui dire qu'il n'avait aucun scrupule à laisser ses parents pourrir à l'étage pour éloigner les zombies. Que pouvait-il faire, de toute façon ? Plus le temps passe, plus on se dénude de toute conscience, et lui même venait de lui demander si sa famille était morte le plus platement du monde, après lui avoir parlé cinq minutes. « non mais ... je compte pas monter à l'étage » la raison de sa présence ici se limitait simplement à faire le plein de vivres et, malheureusement, il n'y en avait pas des masses. Il reporta son attention sur la photo de famille, sans se soucier que celle ci, disposée à l'étage, n'était pas au complet. Un nouveau bruit attira son attention et son coeur accéléra dans sa poitrine « mort ça veut plus rien dire de nos jours, ils sont toujours capables de grogner et cogner les murs ou ... ? »

Il perçu l'expression sur le visage du visiteur. Il n'en avait que faire. Les temps étaient ce qu'ils étaient. Et qu'aurait du t-il faire ? Revenir pour leur offrir des funérailles décentes ? Là où il étaient, au moins, pour une fois, ils faisaient leur devoir, protéger leurs enfants. Un autre bruit provint de la cave. Il savait très bien qu'elle savait qu'il était là. Il avait été agité la clé devant la porte de la cave et l'avait même prévenu qu'il allait entrer. Comme si la prévenir allait l'empêcher de lui sauter à la gorge pour le dévorer. Intérieurement, il s'agitait. « Bel et bien mort oui. Je m'en suis assuré moi même. » Il jeta un œil par la fenêtre, remarquant du mouvement. « Par contre ce qui arrive vers nous l'est un peu moins. » Il observa le jeune homme en face de lui et eu une véritable envie de se frapper la tête au mur. Sur son coup glissait un fin filet de sang. Presque rien, mais assez de quoi les attirer. Voilà pourquoi elle était si agitée. Quelle stupidité de croire que c'était pour lui. Il attrapa une serviette qui était toujours accrochée au tiroir et le plaqua sur le cou du garçon. « Putain ton cou ! Quel con ! Mais quel con ! »

Il n'insista pas plus. Si ce garçon lui disait que les choses à l'étage étaient bel et bien mortes, et bien, il n'avait pas envie de le provoquer et d'aller vérifier par lui-même. Tout de même, c'était son vis-à-vis qui possédait des armes, il n'était pas en mesure de lui chatouiller les nerfs inutilement. Il s'humecta alors les lèvres avant de détourner les yeux vers ladite "agitation". Oh non, il était temps pour lui de prendre ses jambes à son cou et de retourner dans son trou, mais le propriétaire vint lui plaquer un chiffon poussiéreux contre la nuque. Il pu sentir quelques picotements et il fronça une nouvelle fois les sourcils « ah, tu m'as coupé avec ta lame ! t'as volé ça à un cuisinier japonais ou quoi ! » en effet, elle tranchait si bien qu'il n'avait tout bonnement rien senti !

« Hilarant. Tiens bien ça sur ta gorge si tu veux pas crever dévoré ! »Hunter n'avait visiblement pas le même sens de l'humour que lui car déjà il sortait de la cuisine pour vérifier la porte d'entrée. Il fit un pas en arrière pendant q'une once de panique le gagnait. Ils cherchaient à entrer et commençaient à encercler la maison. Normalement, il n'y avait aucun moyen pour qu'ils puissent passer. Il hésita puis retourna à grands pas dans la cuisine et attrapa le jeune homme par le col. il ne haussa pas la voix, il ne voulait pas les attirer plus que ce n'était déjà le cas, mais son ton n'en était pas moins sec et agressif. « T'es rentré comment ici ?! » Il ne pouvait pas se permettre qu'ils entrent. Pas alors qu'elle était là. Et si il avait créé une ouverture, il préférait être au courant tout de suite.

Elijah se contenta d'hausser les épaules en voyant que le type n'était pas très réceptif à son humour, que pouvait-il y faire ? Cela faisait trois mois qu'il n'avait fréquenté strictement personne, il n'était pas coupable de la nullité de ses vannes actuellement. Il suivit l'inconnu du regard, le voyant bouger dans la cuisine alors qu'il s'appliquait à tenir le chiffon soigneusement contre sa plaie, comme il le lui avait demandé. Il fût surpris de le voir revenir vers lui à grandes enjambées en lui attrapant le col vulgairement. Avait-il changé d'idée entre temps ? Voulait-il secrètement le tuer ou se servir de lui comme appât ? « je .. j'ai cassé un des carreaux de la porte de la cuisine ! ils sont pas assez intelligents pour venir glisser leur sales doigts là, si ? » après, on est jamais sûr de rien. Comme pour accompagner ses dires, il posa son regard sur la porte d'entrée et vit une main poisseuse dont quelques doigts manquaient en train de papillonner dans le vide, par le carreau, à la recherche d'une quelconque entrée. « putain il rentre, ce connard il rentre ! » visiblement il venait de trouver le einstein du lot.

Un carreau ? Impossible qu'ils entrent par là. A moins qu'ils aient subitement développé une intelligence que Hunter ne leur connaissait pas. Mais au vu des dires du garçon, il comprit qu'il avait tort. Il observa le bras s'agiter dans le vide tandis qu'un frisson parcourait son corps. Il laissa échapper un putain avant de lâcher le garçon, de se calmer et d'observer la situation d'un œil averti. Le mieux pour lui était de partir par les toits, comme il avait l'habitude de le faire. La porte de la cave était fermée à clé et il doutait que les rôdeurs aient développés des dons de serrurier. Il se força à penser qu'elle ne risquait rien, comme si elle était encore une petite fille sans défense et non pas une des ces choses immondes. Sans se soucier du garçon il couru vers les escaliers menant au premier. Chacun pour soi et plutôt cet inconnu que lui. Arrivé à la trappe du grenier toujours ouverte, il poussa un soupir et fit demi-tour au bruit de vitre brisée et des râles provenant de la cuisine. Il redescendit les marches quatre à quatre pour tomber nez à nez avec un rôdeur prêt à dévorer le squatteur. Il lui enfonça sa lame dans le crâne - dans un bruit sourd de succion et d'os brisé - et attrapa le garçon par le bras. « Mais cours putain ! » Il est vrai que lui qui connaissait la maison, il lui était facile de trouver une issue...

Alors qu'il pensait avoir un peu de compagnie pour mettre fin à la pseudo-vie de cette chose immonde, il écarquilla les yeux comme des billes en voyant le type détaler comme une fillette en cavale. N'était-ce pas son rôle à lui de s'échapper de la sorte ? « putain mec, à quoi tu joues ! tu me laisses avec cette merde et j'ai rien pour me défendre !? » et dire qu'il ne se pensait pas courageux, il venait de trouver bien pire que lui dans le domaine. Il fit volte face et se mit à ouvrir tous les tiroirs comme un forcené à la recherche de la moindre chose qui puisse lui servir d'arme ou de bouclier. Couvercle de casserole, passeoire, n'importe quoi. « il a pas un deuxième couteau à sushi ce fils de pute !? » la seule chose qu'il trouva fût un épluche patate qu'il envoya bouler avant d'attraper un couteau à pain. Belle connerie ! Cette saloperie pliait aussi facilement qu'un fleuret. Avant qu'il ne puisse dire amen, le grand couillon était redescendu - avait-il changé d'avis ? - pour mettre un grand coup dans le crâne du mort-vivant et lui dire de courir. La bonne blague. « et tu veux que je cours où gros con, SUR LES MURS !? » réflexion faite, il pouvait toujours essayer.

Hunter ne fit même pas attention à la réflexion du garçon tellement elle frôlait le ridicule. Il lui demandait la lune ou quoi ? Une jambe devant l'autre, c'était pas très compliqué. Pour une raison qu'il ignorait encore, Hunter ignora le signe évident de l'accomplissement imminent de la sélection naturelle et embarqua l'inconnu dans sa course avant que d'autres rôdeurs ne pénètrent les lieux. Il monta les escaliers au pas de course, traînant l'autre derrière lui. Ils arrivèrent devant les escaliers menant au grenier. « Grimpe et passe par le velux ! Il est encore ouvert. Et si... » Le souffle lui manquait. Le stress, l'agitation, ses bronches n'étaient pas d'accord du tout. Il s’essoufflait.« Et si..si c'est rapide, c'est pas grave. » Une main plaquée sur la poitrine, il fit volte face pour parer à la possible menace, entendant des grognements provenant de l'étage du dessous.

Franchement, ce type avait oublié son humour dans une boite à chaussure en dessous de son lit, c'était pas possible. Cela dit, Elijah avait également parlé sur le ton de la colère, ce type avait quand même tenté de fuir en le laissant dans une belle merde ! Il lui emboîta le pas sans se faire prier, grimpant les marches de l'escaliers deux par deux pour finalement se retrouver à l'étage. Bon, il y avait visiblement encore un étage à monter et un velux à franchir. Il se demanda l'espace d'un instant si ce type ne se prenait pas un peu pour spider man à se balader de toits en toits. « putain mec, tu vas te calmer. » merde, c'est qu'il insultait un peu sa condition d'athlète, là. En plus, il était vraiment loin d'être lent. Il ne fit pas attention à ce qu'il se passait derrière lui et grimpa dans le grenier; franchissant rapidement le dernier obstacle ; le velux.

Hunter emboita le pas au garçon, fermant la trappe à la tronche d'un zombie qui avait trouvé le moyen de les rejoindre. Depuis peu, Hunter les trouvait plus agile, presque plus intelligent, à croire qu'ils mimaient ce qu'ils voyaient et s'adaptaient. Hunter en oubliait qu'il avait tout simplement été un jour comme lui, un humain. Le garçon craignait désormais qu'ils n'aillent et viennent dans la maison à leur guise. Après tout, il y avait de grandes chances pour qu'ils ne sachent pas en sortir ces trous de bals. Il sortit son inhalateur et en inspira une grande bouffée. yeah. de l'air. Passé le velux, il constata que le garçon était encore là. Ah ? Il croyait vraiment qu'il se serait barré, retournant à sa petite vie. Il regarda vers le sol. A croire que les rôdeurs qui étaient entrés avaient sonné la cloche. Une dizaine de zombies s'entassaient devant l'ouverture et pénétraient la maison un à un. Hunter passa une main dans sa nuque, lâchant un soupir. « Putain j'y crois pas... ».

Elijah passa le dernier obstacle de la maison avec souplesse; il fallait juste un peu de force dans les bras, juste de quoi se hisser sur le toit. Il remercia intérieurement le ciel d'être au printemps. Il n'imaginait même pas la température des tuiles exposées au soleil pendant de longues heures. Sans attendre il se pencha légèrement par dessus le bord et vu qu'une petite troupe de morts s'était formée devant la porte de la maison et que quelques uns arrivaient des rues avoisinantes, surement alertés par la cacophonie de leur congénères. Super, il ne manquait plus que ça. Impossible de retourner sur la terre ferme pour l'instant. Il se retourna vers le garçon qui venait de lui sauver la vie et le vit aspirer un inhalateur. « ça va aller ? il va falloir passer par les toits mais j'pense que c'est ton truc ... »

Il regarda le garçon et lui fit un signe de tête affirmatif, tout en plissant les lèvres, les mains sur ses hanches, réfléchissant à la situation. Lui était-ce vraiment utile de s'encombrer de quelqu'un ? D'un autre côté, maintenant qu'il avait décidé de l'aider une première fois, il ne pouvait pas se résoudre à le laisser sur ce toit comme un con. Il agitait frénétiquement ses doigts sur sa hanche, cherchant quoi faire. Il envisagea sérieusement à le pousser du toit. Si il ne se cassait pas la colonne vertébrale en percutant le sol, il serait dévoré par les zombies. Dans chaque scénario, il n'était pas difficile de s'en débarrasser. Mais Il n'en fit rien, il se contenta de lui indiquer le chemin qu'ils allaient emprunter et les endroits sur lesquels ils ne fallait pas poser les pieds, au risque de se retrouver un étage en bas, comme ça lui était déjà arrivé. « Ça ira ? Les toits sont assez proches l'un de l'autre. ». Il sauta sur le toit d'en face et se tourna vers lui. « Vu tes grandes jambes, ça devrait le faire. ».

Ses yeux continuaient d'aller de gauche à droite, regardant autour de lui minutieusement afin de trouver la sortie la plus judicieuse. Sauter de toits en toits était bien sûr la seule option. Pourtant, son fort était loin d'être le saut hauteur. Il n'avait pas trop d’appréhension à ce sujet. Il savait courir, c'était déjà ça, quand à sauter, il suffisait simplement de donner une certaine impulsion vers le haut, n'est-ce pas ? L'inconnu lui montra la marche à suivre, sautant de façon plutôt agile sur le toit du voisin. En effet, cela semblait être un jeu d'enfant mais Elijah avait plutôt peur de tomber sur un endroit plus fragile et passer outre la toiture. Il n'avait toutefois pas le temps de chicaner et il hocha lentement la tête « j'ai fait de l'athlétisme, ça devrait aller. » et comme pour accompagner ses dires, il sauta tout comme l'avait fait l'autre garçon et se réceptionna plutôt bien. « au fait, tu t'appelles comment ? »

Il le regarda sauter pour le rejoindre. Bien, il ne s'était pas écrasé au sol. Mais bon, le parcours n'était pas fini et certaines maisons, trop espacées, allaient les obliger à d’abord sauter sur des murets pas très larges avant de remonter sur le sommet de la maison. Mais soit, comme il le disait, il était athlète, ça ne devrait donc poser aucun problème. Comme d'habitude, les rôdeurs ne les avaient pas remarqué, ils ne levaient que rarement les yeux vers le ciel. Pourtant certains les suivaient du regard, sans doute attiré par le garçon et son sang à l'odeur visiblement forte et sublime. Il l'inspecta du regard avant de relever les yeux vers le jeune athlète. « Hunter. ». Il enleva ensuite son sac à dos pour le fouiller et en sortir un spray antiseptique et un bandage. « Va falloir faire quelque chose sinon tes admirateurs vont jamais te lâcher. ». Il indiqua d'un signe de tête les rôdeurs qui le regardaient avec avidité et l'aspergea avec le spray avant de lui enrouler la gorge dans un bandage. « En espérant que ça les calme... Et ton nom à toi c'est ? ».

Il ne pu s'empêcher de sourire en entendant le nom du garçon. Hunter; autant dire qu'il avait bien trouvé son contexte celui-là ! Il s'humecta les lèvres, toujours amusé malgré ce qui se déroulait sous ses yeux, soit, une petite armée de morts vivants en train de s'agglutiner dans la rue, juste en dessous d'eux. « c'est plutôt comique vu les circonstances actuelles. » Il haussa finalement les épaules avant de s'arrêter à côté de Hunter qui extirpa un bandage et un flacon en spray de désinfectant. Il se laissa faire sans rechigner, fermant les yeux et bloquant sa respiration pour ne pas avoir de produit dans les yeux. « merci ... ça sera sans doute mieux. » il fit abstraction aux picotements occasionnés et remit le col de sa veste pour se protéger. « j'ai le même nom que cet acteur, là, du seigneur des anneaux. Elijah; Kwon Elijah. » il préférait le dire de lui-même avant de se prendre une nouvelle vanne, comme d'habitude.

Malgré les circonstances, il esquissa un sourire. Il n'y avait jamais vraiment pensé, mais il est vrai que son nom aurait très bien être donné à un personnage de film au contexte apocalyptique. Sauf que pour le moment, il était bel et bien dans le monde réel et dans le cas d'un faux pas, il ne pouvait pas juste recommencer la scène. Il marmonna un de rien rapide en rangeant ses affaires dans son sac, accroupi sur le toit. Il détacha les yeux de ce qu'il était en train de faire pour les plonger dans ceux du garçon non plus si inconnu que ça. « Elijah ? C'est cool, je suis content de savoir que je suis pas le seul à avoir subi les vannes. Et franchement, je pensais pas en subir encore avec... ». Il laissa son regard errer dans le vague. « Avec tout ça quoi... » Il se releva et remis son sac en toile sur son dos. « Bon. On la quitte cette ville ? Franchement l'odeur commence à me donner la nausée. »

En effet, des vannes, Elijah en avait vu de toutes les couleurs depuis les années. D'autant plus quand il était plus jeune et que cette saga était en pleine expansion. Il se contenta d'arborer un sourire tout en posant son regard sur le sac qu'Hunter remettait à son épaule et, d'un coup, il devint bien plus pâle. « merde ! j'ai pas eu le temps de reprendre mon sac, dans ta cuisine. » il eut envie de se frapper la tête mais se retint en mordant ses lèvres « en plus, je t'avais piqué un yaourt et tout. » et il venait également d'y perdre quelques fringues. il faudrait qu'il s'en retrouve ou, au mieux, qu'il puisse en piquer quelques unes au garçon qu'il venait de rencontrer, si toutefois il voulait bien partager avec lui. « ben .. t'as raison, je te suis, tu connais le chemin. »