driiiiiing. vous connaissez la sonnerie de ce réveil que vous ne voulez pas entendre à sept heures du matin, vous annonçant qu'il est temps de retourner dans le monde des vivants. aujourd'hui ma journée a encore une fois débutée avec lui. je m'extirpe de ces draps pour passer par la douche et prendre en vitesse un petit-déjeuner. j'aime profiter de ces instants calmes mais visiblement aujourd'hui ce ne sera pas le cas. à travers les fenêtres je vois ce froid qui m'attends les bras grands ouverts. j'enfile ma robe noire par-dessus laquelle je met mon pull turquoise pour finalement m'envelopper de mon manteau gris. oui, c'est un peu le bazar mais je suis sûre que plus tard, ce sera à la mode de ne pas être à la mode. je referme derrière moi la porte d'entrée et prends la route habituelle, me dirigeant au travail à pied. il fait froid dehors, le vent s'amuse à mordre mes joues et s'attarder dans les manches de mon manteau. je presse le pas et me réfugie dans le magasin, sans pour autant être impatiente de travailler. hop hop hop, une boisson chaude avant de m'y mettre. les clients du matin ne vont pas tarder à se pointer ; leur souhaiter la bienvenue dans le magasin, une bonne journée, enregistrer les articles puis les faire défiler. le train train quotidien quoi. je ne serait pas prête à dire que je suis tombée amoureuse de ma routine mais tout ça me va. j'ai un toit sur ma tête, largement de quoi manger, des amis à mes côtés, tout va bien dans ma vie... oh, un autre client ;


so yeon - bienvenue dans notre magasin


je lève vaguement les yeux et retourne dans mon travail machinal. il n'est que dix heures du matin, mais il y a déjà beaucoup de monde. quelques clients me font la conversation, ça fait passer le temps. puis il y a ce client qui est rentré il y a une trentaine de minutes. la façon habituelle de procéder ; bonjour suivit d'un sourire amical, le passage des articles, "comment payerez-vous ?" et puis finalement le "merci, bonne journée". cependant lorsque je lève les yeux, il est toujours planté en face de moi à me regarder comme si je sortais de la planète mars. au départ j'ai aussi l'air perdue mais quand je vois les deux trois clients derrière je me ressaisis.


so yeon - excusez moi... excusez moi monsieur ? monsieur ? il y a des clients derrière vous.

me connaissant, je dois regarder ce client avec mes yeux de grosse perdue de la vie. qu'est-ce qu'il fabrique ? c'est une question que je me pose depuis qu'il monopolise la caisse numéro deux ; la mienne en l’occurrence. mon regard se perd entre celui du jeune homme amusé de la situation et des clients mécontents.


so yeon - ...certes mais vous allez me payer à la fin du mois ? il faut que vous partiez, j'ai enregistré tous vos articles dis-je en tentant de garder mon calme.


je lui donne le montant des articles et finit par lui tendre le ticket de caisse.


so yeon - bonne journée, merci d'avoir choisi notre magasin

lorsqu'il répond à ma question rhétorique, mes yeux malgré moi lancent des éclairs imaginaires... quand j'étais petite et que j'étais énervée contre quelqu'un, je posais les paumes de mes mains sur mes tempes et me concentrais, croyant dur comme fer que cette personne recevrait des décharges électriques. un soupir s'échappe de mes lèvres à son clin d'oeil. j'ai besoin d'aide pour me débarrasser de ce qui semble être de la lourde drague perdue d'avance. je met le ticket de caisse dans la poche où tous les articles du jeune homme sont réunis. et lorsqu'il me demande si moi, so yeon oserait le mettre à la porte. j'ouvre la bouche mais un homme de la sécurité m'interrompt

sécurité - un problème so yeon ?

je me tourne vers lui, semble longuement réfléchir avant de lui dire

so yeon - oui, ce monsieur empêche les autres clients de passer à ma caisse. il refuse de partir.

l'homme de la sécurité beaucoup plus baraqué n'a pas eu de difficultés à prendre le sac d'une main et d'une autre prendre le jeune homme fermement par l'épaule pour l'entrainer vers la sortie. ne le lâchant pas du regard, malgré moi un sourire presque invisible se dessina sur mes lèvres. un problème de résolu et plus que quelques minutes avant que je puisse sortir moi aussi.

une masse de clients se sont présentés à ma caisse après son départ. comment peuvent-ils avoir peur de lui hn ? si je n'étais pas en service il aurait sans doute détalé après ce que je lui aurait fait. mah ça ne reste que dans ma tête. et puis pourquoi penser à cet inconnu qui est déjà parti hn ? mon service est fini et je vais juste quitter ma troisième maison pour faire quelque chose, m'occuper. pour une fois que je n'ai rien à faire. débarrassée des vêtements du magasin pour être confortablement dans mon t-shirt oversize gris, mon jean légèrement déchiré au niveau des genoux et mes baskets je finis par sortir. le temps, pour une fois, en ce début d'après-midi est magnifique. je consulte mes messages sur mon portable et -beaucoup trop absorbée par cette activité- finis par me cogner contre celui-ci faisant tomber mes clés, ma carte de transport et mon sac en bandoulière que je portais dans mes bras. merde.


so yeon - excusez moi dis-je à la personne assise sur le banc que je ne peux voir que de dos.


je me penche pour attraper mes affaires sans faire attention à lui. moh ? où est passée ma carte de transport ?

comment peut-on appeler ça ? la maladresse phase terminale ? je pose mes yeux sur cet personne assise sur le banc ; c'est le client embêtant de tout à l'heure. aaah, sérieusement, il n'a rien de mieux à faire dans sa vie hn ? mon regard s'égare un instant dans le but de retrouver ma carte de transport mais, elle semble vouloir échapper à mes yeux. soudainement je l'entend s'adresser à moi de façon informelle. mais contre toute attente, il ne fait que m'arracher un sourire amusé par la situation ;


so yeon - tu te fiches de moi ? qui a monopolisé la caisse numéro deux tout à l'heure avec un prétexte aussi stupide que lui hn ? demandais-je calmement ... mah, de toutes façon, je n'ai pas de temps à perdre avec toi, je vais juste retrouver ce que j'ai égaré et te laisser t'étouffer dans ce nuage de clope.


je ne lui accorde alors plus aucune attention, me relevant pour chercher derrière le banc et éventuellement dans mon sac.

un silence s'installa après ma remarque, il devait surement s'être dit que le temps des conneries était révolu et qu'à partir de maintenant il deviendrait un bon garçon autant pour lui que pour la société. non, je me fais beaucoup trop de films et ce genre de fin est beaucoup trop parfaite pour être réelle, vous ne pensez pas ? mes paroles étaient dures mais il le méritait. il est nécessaire que certaines personnes soient dures avec d'autres ; pas pour les mettre mal à l'aise, mais juste pour qu'ils reviennent à la vie réelle. il n'a rien dit depuis cette remarque, mais au moment de partir, ses mots faussement intéressés par ma situation m'ont fait penser qu'il était sans doute en possession de ma carte. me redressant, passant mon sac en bandoulière sur mon épaule, j'ai juste pressé le pas pour attraper fermement son poignet ;

so yeon - rends la moi. je ne suis pas aussi idiote que tu ne le pense.

serrant un peu plus son poignet, pour qu'il n'ait pas l'idée de l'enlever, je levais les yeux vers lui. et alors s'il faisait au moins une tête de plus que moi hn ? un mètre soixante dix est déjà assez pour voir qu'il n'a rien du type bienveillant. absolument rien.

so yeon - rends la moi.

j'ai rarement peur ; j'ai été confrontée à tellement de situations embêtantes après que mes parents m'aient abandonnés à busan. alors croyez moi quand je vous dis que ce n'est pas un égoïste de première qui va me faire détaler. je vous vois venir avec vos "parce que c'est un garçon, tu vas te retrouvée encastrée dans un mur" mais je ne suis pas du genre à me défiler que la situation soit à mon avantage ou non. cependante, il me prend encore pour une idiote... d'autant plus que, son sourire m'exaspère, je ferme mes yeux dans le but de garder mon calme.


so yeon - je te le répètes une dernière fois, rends la moi.

mes yeux ne le quittent plus, je n'arrive pas à me détacher de lui. contrairement à ce que certaines personnes peuvent penser, il n'est pas attirant du tout à l'intérieur comme à l'extérieur. mais les mots restent trop faibles pour exprimer ce que je ressens. c-comment ça je suis méchante ? vous voyez à quel point il est en train de prendre son pied en se foutant de moi ? il finit par détacher ma main de son poignet en me posant la même question ; te rendre quoi ? si tu ne sais pas, moi je sais ce que je vais te donner. ma patience à des limites qu'il est en train de frôler... finalement il s'éloigne sans que mon corps ne le suive. et lorsqu'il sort cette carte, ma carte de sa poche, il a dépassé les limites ; je presse légèrement le pas et me hisse sur la pointe des pieds pour atteindre ma carte. mais évidemment ce n'est pas aussi facile. vous pensez que cet idiot va me la passer aussi facilement ? j'abandonne l'idée de la récupérée de cette façon. j'inspire calmement et finalement donne un bon coup dans une de ses jambes, assez pour que la douleur se fasse ressentir. je finis par le poussé pour finalement le faire tomber et récupère ma carte

so yeon - tu as réellement un problème hn. sans doute le besoin d'attirer l'attention, d'être celui dont on se préoccupe ou quelque chose du genre. mais je ne suis pas le genre de personne qui reste les bras croisés à ne rien faire dans des moments pareils... ne t'approches plus de moi sinon je ne sais pas ce que je pourrais te faire.

la délicatesse n'est pas son fort, nous avons alors un point en commun. je plisse légèrement les yeux avant qu'ils ne se posent sur les siens puis alors son collier. son collier, c'est plus fort que moi je fais un blocage là-dessus. et alors mes yeux doivent être moins méprisants. tout autour de moi s'efface l'espace de quelques secondes et je me souviens. je me souviens de tout ; cet instant précis où je marchais aux côtés de mon meilleur ami au nom de jang hyun ki. il me disait qu'un jour il se ferait un tatouage ; cheshire cat". ça me faisais rire et je lui répondais tout le temps que s'il se faisait un tatouage pareil, impossible que je ne le reconnaisse pas. et puis il y avait ce collier symbolisant le ying et le yang. je suis revenue à la réalité lorsque le jeune homme en face de moi m'a violemment poussé. mon regard bouleversé a alors croisé le sien pendant quelques secondes avant que je ne le détourne la première pour qu'il se pose sur son bras. cheshire cat ; j'ai juste eu le temps de le lire.

so yeon - ... hyun ki, j'ai commencé à murmurer en tremblant comme si j'avais vu un fantôme, tu t'appelles hyun ki n'est-ce pas ?

j'ai fais quelques pas en arrière et j'ai finalement compris l'expression ; avoir le coeur qui bat à tout rompre.

les mots sont insuffisants, inutiles pour exprimer tout cet espèce de débordement de sentiments. je crois que mon regard se perd encore, je ne peux pas m'en empêcher. tout me saute au visage comme une évidence et pourtant je ne veux pas encore le croire. il me pose alors une question ; la question. un moment s'est écoulé je crois avant que je finisse par secouer la tête, avant que je ne fasse ressortir une quelconque réaction.


so yeon - p-personne, j'ai du me tromper de toute façon, je dis en me retournant pour ne pas laisser paraître toute cette tristesse qui menace de déborder. oublis tout ça hn.


je ne lui laisse pas le temps de répondre avant de courir en direction de la ruelle la plus proche qui n'est qu'à quelques pas de ce banc. j'efface du revers de la main mes larmes et cherche la sortie de la ruelle.

malheureusement pour moi il n'est pas du genre à abandonner les choses aussi facilement. si seulement il savait sur quoi il était tombé. je me retrouve plaquée contre le mur de la ruelle avant même d'avoir eu le temps de trouver la sortie. son geste a l'air d'autant le surprendre que moi, vu la façon dont il s'écarte. je tente de reprendre mon calme ce qui est moins compliqué que ce que j'aurais pensé. il serre si fort mon poignet que l'idée de pouvoir me sortir de là est quasiment impossible. cependant j'essaie, je le repousse du mieux que je peux. ce qui n'est pas très efficace.



so yeon - comment est-ce que ma carte s'est retrouvée dans ta poche ? je me défend avant de murmurer en effaçant de ma main libre le reste des larmes s'il te plait, lâches moi...

impossible de garder mon calme, impossible quand il débarque à nouveau dans ma vie. alors de toutes mes forces, je le repousse quitte à taper dans ses jambes si nécessaire. j'essaie de le repoussé. et lorsqu'il m'explique la façon dont ma carte s'est retrouvée dans sa poche, je le repousse d'avantage en raillant sa plaisanterie par ;

so yeon - humoriste, est-ce que tu as songé à te diriger vers cette carrière au lieu de perdre ton temps dans cette ruelle ?

je mord nerveusement ma lèvre inférieure et détourne mon regard du sien comme si le regarder pourrait me rendre aveugle.

so yeon - qu'est-ce que tu penses de me laisser simplement partir ? j'ai simplement fais une erreur, comme tu dois sans doute énormément en faire... alors contentes toi de me lâcher et ... oui, la carrière d'humoriste ce n'est pas donné à tout le monde. tu devrais essayer.

il n'a pas vraiment changé ; toujours aussi facile à irriter. lorsqu'il me demande d'être un peu plus sérieuse je me retient de sourire. ce n'était pas lui qui se fichait de moi quelques minutes plus tôt ? mais la situation n'avait rien de drôle du tout, c'est vrai. plissant légèrement les yeux lorsque la pression commence à se faire plus forte autour de mes poignets, mon sérieux revient de lui-même.


so yeon - tu n'as pas envie de savoir ! d'accord ? tu n'as.. vraiment pas envie de savoir tout ça...