Sings to me

Le bar était bondé, mais j'avais tant bien que mal réussi à déniché une bonne place, dans un coin tranquille et plutôt silencieux. Je jetai un coup d'oeil à la foule et dénichai au bout de quelques minutes la barmaid qui m'avait déjà servi une quantité déraisonnable d'alcool. Après lui avoir fait signe de me resservir la même chose, je me mis à la détailler. Elle était plutôt jolie, bien que son physique n'égala pas la beauté de sa voix. Tendant l'oreille, il me fut facile de distinguer la mélodie qui sortait de ses lèvres et plus elle se rapprochait, plus ce son me semblait doux. Presque hypnotique. Elle s'arrêta de chanter et posa la boisson en face de moi, mais alors qu'elle se retournait et s'apprêtait à s'éloigner de nouveau, je posai la main sur son bras et la retint.
"Tu es chanteuse professionnel ?" Demandais-je de but en blanc.

Alors que le bar était plein à craquer, je ne m'en faisais pas vraiment. J'étais plutôt sereine, en même temps ça devait être l'habitude je pense. Ça faisait longtemps que je faisais ce métier en même temps, même si je ne voulais pas faire ça à la base. Mais la contrainte avait donc voulu que je fasse ce job. Pour me consoler, je chantais parfois, mais doucement afin que personne ne m'entende pour ne pas être découverte. Je t'apercevais alors m'interpeller, je venais ensuite vers toi avec une bouteille d'alcool, et je te servais de nouveau un verre en m'arrêtant de chanter. Tandis que je m'apprêtais à partir, je sentis une main se déposer sur mon bras, je tournas alors mon regard sur toi. Je fronça les sourcils en te regardant, j'haussais ensuite les épaules en te forçant à lâcher mon bras.
- Non, je ne suis pas chanteuse professionnelle, je ne vois pas pourquoi tu dis ça. Rétorquais-je directement d'un air calme.

D'accord, elle n'était pas chanteuse professionnelle, mais de là à me dire qu'elle ne comprenait pas pourquoi je disais ça ! Soit elle était dans le déni, soit elle n'était pas au courant qu'elle avait un don. Bien sûr, j'avais bu, mais pas encore assez pour avoir des hallucinations auditives. J'haussais les épaules.
"Parce que je viens de t'entendre chanter et que tu as une voix magnifique."
Elle est barmaid et jolie, elle doit être habituée à côtoyer des hommes complètement saoul qui lui font des compliments pour essayer de coucher avec elle. Je n'avais aucune raison qu'elle me crois plus qu'un autre, sauf que mon compliment était sincère et désintéressé. Si ce n'était pas déjà le cas, il fallait qu'elle se lance dans une carrière de chanteuse.

A ta réponse, je croyais que tu étais complètement saoul, alors je roulais des yeux en finissant par soupirer. Je savais que tu disais pas n'importe quoi, mais je faisais du mieux que je pouvais pour te le faire croire. Je te servais un autre verre d'alcool en haussant les sourcils.
- Si tu me fais des compliments parce que tu es torché ou que tu veux me mettre dans ton lit, c'est pas la peine. Disais-je en essayant de te convaincre que ce n'était pas moi que tu avais entendu.
Je t'examinais alors avec attention, de haut en bas.

J'avais tapé juste. Elle me prenait pour un trou. Mais sa remarque la fit aussi avouer que c'était bel et bien elle qui chantait. Je ne fis pas attention au verre maintenant plein qui se trouvait sur la table et préférait répondre d'une voix enjouée, mais avec un visage impassible, puis ce que je ne voyais pas l'utilité de sourire.
"Donc tu admets que c'est toi qui chantait. Pourquoi tu ne commences pas dans une carrière ?"
J'occultais volontairement de la conversation le fait qu'elle me croie bourré. Elle s'en rendrait bien compte par la suite, que je ne voulais pas lui sauter dessus.

Je fis mine de réfléchir à ta question, j'haussais les épaules. En fait, c'était à cause de sa famille qu'elle ne pouvait pas réaliser son rêve, & elle y avait renoncé depuis le temps. Je ne savais pas trop quoi te répondre, mais de toute façon tu ne t'en rappellerais pas.
- Je n'admet rien, et je ne pourrais pas de toute façon. Ca fait bien longtemps que j'ai laissé tomber, ça ne m'intéresse pas.
Je regardais autour de moi dans le bar en servant d'autres clients pendant ce temps, mais je restais quand même attentive lorsque tu parlais.

Elle avait renoncé avant même d'essayer. Et elle en était malheureuse, même si elle ne voulais pas l'admettre. Cela se voyait sur son visage et me confortais dans mon idée.
"Prouve le alors. Prouve moi que ce n'est pas toi qui as chanté. Prouve moi que je suis un abruti saoul qui halucine."
J'avais dis ça d'un ton parfaitement calme. Je savais que je n'était pas encore assez cuit pour avoir inventé cette voix.
"Chante."
C'était un défit. Je lui lançais le défit de faire face a son don.

Je te regardais avec de grands yeux quand tu me demandais de chanter pour te prouver que ce n'était pas moi qui avait cette voix, je grimaçais intérieurement. Je savais très bien que même si tu étais complètement saoul, ou non, tu aurais les preuves que tu n'es pas fou & que tu n'entendais pas des voix. Et je n'arrivais pas à chanter faux, donc c'était mal parti. Je soupirais alors en te regardant.
- Pourquoi je devrais te le prouver ? Je ne te dois rien à ce que je sache. Rétorquais-je alors que j'étais sur la défensive, c'était mon seul échappatoire pour ne pas chanter devant toi.

Là je su sans plus aucun doute que j'avais raison. Elle était sur la défensive exactement comme si je lui avais demandé de révéler un secret. Bon, je savais déjà que j'avais raison, mais c'était pour moi une confirmation encore plus sur que si elle avait bel et bien voulu chanter. A cause de son entêtement, la seule chose que je trouvais pour la faire réagir était la provocation.
"Froussarde."
Ce n'était pas sympa, et je n'était jamais méchant normalement, mais j'avais bu, et la voir renier son don si ouvertement m'exaspérais. Je me levais.

A tes dire, j'haussais les épaules. Au fond, je n'en étais pas une mais je faisais rarement ce que "je voulais" quand ça concernait mon rêve. C'était la chose la plus difficile à faire : cacher mon don aux autres sans pouvoir en parler, cacher ce que j'ai toujours voulu faire. Je te regardais te lever puis je me suis penchée vers toi en soupirant.
- Bon, d'accord. Je veux bien chanter mais pas devant tout ce monde, j'ai des raisons personnelles. Je pourrais t'expliquer plus tard si tu le souhaites. Je me suis alors redressée en te regardant toujours.

Elle acceptait donc de chanter, uniquement pour moi, donc pas maintenant, mais elle acceptait. La provocation était ce qui marchait le mieux en fin de compte. Je n'escomptais plus de réponse de sa part, et l'entendre accepter me fit esquisser un fin sourire.
"A quelle heure est ce que tu fini ?"
Une fois qu'elle ne bosserais plus elle pourrait m'accompagner dans un endroit où personne d'autre que moi ne l'entendrait. Je fut un instant anxieux qu'elle refuse en prenant pour un pervers sexuel. J'était toujours debout, attendant qu'elle veuille bien daigner me répondre.

Je faisais la moue avec mes lèvres, je me sentais un peu soulagée que tu me laisses enfin en paix avec cette question de vouloir chanter ou non. Je ne savais pas trop quoi te répondre, je regardais donc l'heure qu'il était pour te répondre puis je reposais ensuite mon regard sur toi.
- Je finis dans 30 minutes. Répondis-je d'un air calme, je te regardais dans les yeux en me demandant ce que ça pouvait bien t'apporter que tu m'entendes chanter. Une satisfaction personnelle ? Ou autre chose ? Je n'en savais rien mais bon, je verrais bien de toute façon il n'y avait plus qu'à attendre la fin de mon service et le rejoindre pour voir ce qu'il veut vraiment.

J'hochait la tête. Elle n'avait pas l'air d'avoir peur de moi et cela me rassura.
"Je t'attend au bar alors."
Fermant un instant les yeux pour faire le point, je les rouvris et lui sourie avant de jeter un coup d'oeil audit bar. Me déplaçant avec agilité entre les tables bondées et les flaques malgré l'alcool imbibant mon corps, je l’atteignis et me retournais pour lui faire un clin d'oeil. J'avais envie d'entendre encore une fois sa voie, et de la pousser à la faire découvrir au reste du monde.

J'hochais la tête quand tu me dis que tu allais m'attendre, pourquoi pas. Je te regardais te déplacer avec agilité, je souris légèrement, je me mis à servir d'autres clients par la suite en attendant la fin de mon service. Une fois que les 30 minutes furent passées, je sortis de derrière le comptoir en me dirigeant vers toi tranquillement.

- C'est bon, j'ai fini mon job, on y va ?

J'avais attendu tranquillement, la regardant distraitement servir et reprendre une multitude de verre, plein pour les premier, vide ou presque quand il s'agissait des autres. Lors ce qu'enfin elle revins vers moi je me levais et hochais la tête en la précédent dehors.
"Ça te pose un problème si on vas chez moi ?"
Bon, c'était à cause de l'alcool. Obligatoirement. Je n'avais jamais invité quelqu'un à venir chez moi. Mais là je ne voyais pas vraiment où on pourrait aller sinon et à cause de la boisson coulant dans mes veines j'avais je suppose laisser mon "armure" de solitaire de côté. En plus elle ne me connaissait pas et on ne se reverrait jamais, alors qu'y avait il de mal ?
J'attendais sa réponse tout en marchant à côté d'elle, longeant le parking pour enfin nous retrouver dans la rue.

A ta question, je fus d'abord surprise sans le montrer forcément. Je me contentais de faire mine de réfléchir en secouant la tête, puis je finissais par hausser les épaules.
- Non, aucun on peut y aller.
Je marchais vers le parking en étant à côté de toi, c'était bien la première fois qu'on me faisait ce coup là, c'était pour le moins original & peut être anodin quand on y pense qu'un homme invite une femme chez lui au bout d'une première conversation, mais ça faisait bizarre quand même. Je te suivais sans vraiment savoir où on allait, je savais juste que je te faisais confiance.

Je ne savais pas si c'était normal d'inviter une inconnue chez soi, et encore moins que l'inconnue en question soit confiante au point d'accepter, mais comme cela ne semblait pas la déranger, je me dirigeais tranquillement vers chez moi. Une fois arriver devant le luxueux immeuble je composais le code et lui tint la porte.
"L'ascenseur est à droite."
Précisais-je alors que je franchissais à mon tour le palier.
Je la guidais vers ledit ascenseur, puis ce qu'elle hésitait, et appuyant sur le bouton d'appel j'attendis patiemment.

Spoiler:

Je te suivais tranquillement en marchant, je regardais devant moi, je rentrais ensuite dans l'immeuble qui semblait être luxueux, je regardais alors autour de moi, puis je me dirigeais tranquillement vers l'ascenseur.
- D'accord.
J'attendais ensuite l'ascenseur avec toi sans rien dire, puis une fois que l'ascenseur fut arrivé, je rentrais à l'intérieur.

Spoiler:

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