Il me fallait manger. Ca faisait presque trois jours que je m'étais exclusivement nourrit de petits biscuits que j'avais planqué au fin fond de mon sac et de quelques rongeurs que j'avais réussi à attraper et à cuire. Mon corps avait appelé à l'aide et je m'étais finalement décidé à entrer dans un centre commercial. C'était risqué : je savais que j'allais sans doutes trouver des macchabées,  mais je ne pouvais plus faire autrement. Les fermes étaient à bien une demi heure d'ici en voiture et avec les moments où je dois me cacher et ceux ou je dois me battre, ça se comptait en heures de marche. Je me glissais alors dans les rayons, faisant attention à ne pas faire de bruit. Je portais devant mes lèvres un foulard qui me donnait des airs de terroriste mais qui tannait le bruit de mon souffle. J'attrapai dans mes mains quelques fruits, plus très frais, à boire et des choses plus consistantes à manger. Je pris quelques bonbons en pensant que le sucre rapide pourrait toujours m'aider pour certains efforts et me glissai vers le rayon des barres à forte valeur nutritive.

  Etonnement, j'y arrivais bien. Je n'esperais même pas tant. Apparemment les zombies avaient plus ou moins quittés la place, sans doutes parce qu'il n'y avait plus assez de vivants à manger, après les avoir tous décimés. Pourtant, je restais méfiant, je regardais autour de moi, sur tous les côtés, en oubliant le sol. C'est alors que je buttai sur quelque chose qui trainait par terre. Ce fut d'abord un cri de surprise qui s'échappa de mes lèvres, qui se transforma vite en gémissement craintif. Vivant ? Mort ? Fallait-il regarder s'il y avait de l'espoir dans ce corps gisant, ou ne rien risquer et simplement le zigouiller ? J'ai choisi la première version, tenant bien le manche de mon couteau dans la main droite. Je posai mes yeux sur chaque partie du corps de l'endormi et le poussa avec mon pied pour voir son ventre. Il n'y avait rien, je voyais juste un humain fatigué, je posai mon oreille contre son poitrail et y découvrit avec joie quelques battements. Je secouai doucement le garçon et sorti une bouteille de mon sac. " Hey, hey ! T'as soif ? "