Mes parents n'avait pas prévu ma naissance. A Busan ils y étaient juste de passage. Forcés à y rester, grossesse non désirée. Ma mère a fait une dépression post-natale quelques semaines après l'arrivée du nouveau né. Elle n'a tenu que quelques années, six exactement, avant de me laisser tomber. Durant ces années, mes parents n'ont jamais réussi à se poser. Ils n'ont pas réussi à m'aimer. Ils n'ont fait que voyager. L'amour est ailleurs.
*
Elle m'avait dit qu'elle reviendrait. Ma mère n'écoutais pas ce que je disais. Mais elle m'avait dit qu'elle reviendrait. Elle oubliait tout. Ne me portait pas d'intérêt. Et pourtant je croyais qu'elle reviendrait. L'attente allonge le temps au foyer des enfants oubliés. Heureusement pour moi elle ne dura qu'un mois.
Nouvelle mère, nouveau père. Ils n'arrivaient pas à avoir d'enfants, ils refusaient les méthodes médicalisées. Alors ils sont venu me trouver. Je suis parti avec eux, en attendant inconsciemment ma mère. Il faut ré-apprendre à aimer. Avec des personnes comme ma nouvelle famille, l'apprentissage se fit vite. Enfance facile dans une famille aisée. Je n'avais qu'à tendre les bras pour tout avoir au bout des doigts. Je vivais sans trop en demander. Aimée et protégée, c'était les temps parfaits.
Enfance facile, adolescence difficile. Ma deuxième mère eu une maladie. Rien de grave. Elle a subit une intervention chirurgicale qui s'est infectée. Sa vie n'était pas en danger mais de mauvais souvenirs ont refait surface. J'avais peur que mes parents m'abandonnent. J'ai alors découvert une phobie pour la solitude. J'angoissais rien qu'à l'idée d'y penser. A son retour à la maison j'ai promis à ma mère de devenir médecin pour être celle qui sera près d'elle, celle qui la soignera quand ça arrivera une nouvelle fois. La maladie ne changea rien entre nous. Nous étions tous les trois toujours aussi unis. Jalousie, les critiques au lycée ont commencé à fusé. Envie. Ils commençaient à me blesser et moi je faisais tout pour cacher ça à ma famille. Alors dès que ça allait mal j'allais chez ma meilleure amie pour tout oublier. Laisser passer et rentrer comme si de rien était. C'était les temps où j'essayais de tout rendre parfait.
Manque d'ambitions, j'ai fini infirmière. J'ai toujours mes parents près de moi, ma meilleure amie et quelques proches amis. Ceux qui ne m'aiment pas sont toujours là aussi et le font savoir. J'ai grandi, j'ai mûri. Je ne cherche plus la perfection. Je me contente de ce que j'ai. Je vis au jour le jour, mon monde est fait d'imprévus.
*
A l'extérieur. Les gens ne font que parler. Parler sans savoir. Ils disent que je suis fière et hautaine, que je les regarde de haut. Beaucoup de reproches dans mon dos. Mais je sais ce que je vaux. Je vaux beaucoup. Beaucoup plus que toutes les critiques qu'ils vomissent. Ils disent de moi que je suis narcissique. Prétentieuse et capricieuse. Sûrement parce que je désire les choses si fort que je finis toujours par les avoir. Sûrement parce j'aime être bien habillée, bien coiffée, pas de vernis craquelé. Sûrement. Ils me croient insensible, je ne pers jamais le contrôle devant eux. Ils pensent tout savoir mais ne savent rien de moi. Mais ils ne sont pas tous pareil. Le monde est différent. Il y a ceux qui n'ont pas d'avis sur moi. Ceux qui m'envient en silence. Et ceux qui font tout un bruit avec leurs compliments. Leurs félicitations résonnent, sonnent faux dans ma tête. Moi et faux ne font qu'un.
Entre les deux.Derrière l'image il y a le vrai visage. Hystérie et hyperactivité devraient rimer. Ce qu'ils ne savent pas c'est que j'aime parler aux inconnus. J'aime tout tester. Embêter mes amis jusqu'à ce qu'ils soient à bout, finir par regretter et m'énerver. M'inviter chez eux comme si j'étais chez moi. Rire à en pleurer. Sourire jusqu'à en souffrir. Je démarre au quart de tour, prête à tout. J'aime les imprévus. Joueuse sur un bord, mauvaise perdante sur l'autre. Je parle fort. La discrétion j'ai oublié ce que c'est. Les gens disent que j'aime me faire remarquer. Remarques, les gens ne font que me faire des remarques.
A l'intérieur.Leurs reproches blessent, laissent des cicatrices invisibles, rien n'est visible à leurs yeux. Si seulement ils savaient que mon hypersensibilité contrôle mes nerfs à en pleurer. Qu'en regardant mon visage je ne vois qu'une jeune femme perdue face au miroir de son âme. Il ne faut pas les croire, souvent je broie du noir. Il ne faut pas boire leurs mensonges. Je ne suis pas froide, je me protège contre le froid de la solitude. J'ai peur d'être seule. Délaissée et abandonnée. L'éloignement est pour moi signe de trahison. Je suis une passionnée d'écriture, une écrivaine ratée, qui ne sait pas pourquoi elle écrit mais qui ne peut pas s'en empêcher. Rares sont les personnes au courant. Je suis une personne aux tendances auto destructrice. Il n'y a que Bo Bae qui sait. Tous les autres parlent sans savoir.